Les limites de la tolérance

“Prenant la parole, Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l’empêcher, parce qu’il ne te suit pas avec nous. » Mais Jésus dit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous. »” (Luc 9,49-50 TOB)

“Jésus chassait un démon muet. Or, une fois le démon sorti, le muet se mit à parler et les foules s’émerveillèrent. Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il chasse les démons. » D’autres, pour le mettre à l’épreuve, réclamaient de lui un signe qui vienne du ciel. Mais lui, connaissant leurs réflexions, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine et les maisons s’y écroulent l’une sur l’autre. Si Satan aussi est divisé contre lui-même, comment son royaume se maintiendra-t-il ? …  puisque vous dites que c’est par Béelzéboul que je chasse les démons. Et si c’est par Béelzéboul que moi, je chasse les démons, vos disciples, par qui les chassent-ils ? Ils seront donc eux-mêmes vos juges. Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre. Quand l’homme fort avec ses armes garde son palais, ce qui lui appartient est en sécurité. Mais que survienne un plus fort qui triomphe de lui, il lui prend tout l’armement en quoi il mettait sa confiance, et il distribue ses dépouilles. Qui n’est pas avec moi est contre moi et qui ne rassemble pas avec moi disperse.” (Luc 11,14-23 TOB)

Événement passé : La Chute des Anges, une installation de Leah Linh

« Qui n’est pas contre vous est pour vous. … Qui n’est pas avec moi est contre moi. »,

… deux énoncés de Jésus qui se retrouvent dans l’évangile selon Luc, chapitres 9 et 11, apparemment contradictoires, mais qui tracent les limites de la tolérance :

ce qui se fait à l’intérieur de la foi et des valeurs qu’elle défend est reçu ;

est récusé ce qui met en péril la foi, conteste son fondement, Jésus Christ lui-même.

Prenons une image : la démocratie supporte tout, sauf la mise en cause de la démocratie et de ses valeurs fondamentales.

Chasser les mauvais esprits, au nom du Christ, quelque soit notre foi, mais pas faire du Christ lui-même un mauvais esprit, donc casser tout lien possible avec lui. La chute.

Je peux être athée, mais pas diaboliser Dieu.

L’installation de Leah Linh nous renvoie au drame d’une rupture avec ce ou celui qui fonde notre foi et donne sens à notre vie. Ange ou démon, qui sommes-nous ?

Cependant, qu’est-ce que verriez-vous dans cette œuvre si titre il n’y avait pas ?

Un ange, qu’est-ce qu’un ange pour vous ?

Armin Kressmann

Événement passé : La Chute des Anges, installation de Leah Linh à Sainte-Claire Vevey

Du 5 septembre au 12 octobre à l’église Sainte-Claire, rue du Collège Vevey

Finissage avec visite guidée en présence de l’artiste Leah Linh, dimanche 12 octobre 14h

Installation monumentale de l’artiste vaudoise Leah Linh, « La Chute des Anges » convoque des matériaux abandonnés à la charge symbolique forte dans une esthétique à la fois brute et poétique. Elle interroge notre quête de sens dans une époque d’instabilités et de crises politiques et écologiques.

Vernissage-concert le vendredi 5 septembre 18h30

Le programme du concert s’articule comme un dialogue entre l’orgue et un trio constitué d’une flûte, d’un saxophone et d’un piano. Il allie répertoire contemporain et baroque, invitant l’auditeur à un voyage sonore hors du temps.

OEuvres de Jean-Sébastien Bach, John Cage, Peter Ablinger et Kevin Juillerat
Flûte : Susanne Peters
Saxophone : Kevin Juillerat
Piano : Gilles Grimaître
Orgue : Vincent Thévenaz

Événement passé : Art et Foi à Sainte-Claire Vevey – Le bien et le mal

Armin Kressmann

Le bien

Le bien, pourquoi ? Parce que le mal, partout.

Le bien, il porte un visage : moi, toi, lui, elle, nous, eux.

Regarde. Le bien, partout.

Et Dieu, le « bon », devant le bien ?

La question du bien est la question de Dieu ; elles sont identiques.

Le bien est en Dieu comme un en Dieu.

Dieu se reflète dans le face à face avec autrui comme personne.

Le bien subi est le bonheur de l’homme.

Le bien commis est le bonheur de Dieu.

Dans le face à face en Jésus Christ Dieu est personne, ultime.

Bienfait à la personne, toute personne, est bienfait à Dieu.

Le bien est personnalisation, « empowerment », subi ou commis.

En Christ, Dieu s’expose au bien.

Dieu vulnérable, « bon ».

Quand le bien prend visage, commis, il est Samaritain, subi blessé.

Le bien radical est Dieu, face à face.

Sur la croix, en Jésus Christ, Dieu manifeste le bien.

Le bien sur le visage du Christ.

Le bien en Dieu comme un en Dieu est désormais bien hors Dieu.

À la foi, la foi du bien vainqueur du mal, et de la mort, notre foi, comment lui donner visage ?

Faire le bien, hors Dieu, et ainsi rendre grâce, à Dieu.

« Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir … »

Le mal

Le mal, pourquoi ? Pourquoi moi, toi, lui, elle, nous, eux ?

Le mal, il porte un visage : moi, toi, lui, elle, nous, eux.

Regarde. Le mal, partout.

Et Dieu, le « tout-puissant », devant le mal ?

La question du mal est la question de Dieu ; elles sont identiques.

Le mal est en Dieu comme un hors Dieu.

Dieu se reflète dans le face à face avec autrui comme personne.

Le mal subi est l’épreuve de l’homme ; c’est l’homme qui est éprouvé.

Le mal commis est l’épreuve de Dieu ; c’est Dieu qui est éprouvé.

Dans le face à face en Jésus Christ Dieu est personne, ultime.

Atteinte à la personne, toute personne, est atteinte à Dieu.

Le mal est dépersonnalisation, subie ou commise.

En Christ, Dieu s’expose au mal commis ; il le subit.

Dieu vulnérable, « impuissant ».

Quand le mal prend visage, commis, il est bourreau, subi victime.

Le mal radical est anéantir autrui face à face.

Sur la croix, en Jésus Christ, Dieu se laisse dépersonnaliser.

Le mal sur le visage du Christ.

Le mal en Dieu comme hors Dieu est désormais mal en Dieu.

Dans le langage de l’Église Dieu prend le mal, notre mal, sur lui.

Le mal, il est ainsi vaincu, croyons-nous, disons-nous.

À la foi, la foi du mal vaincu, notre foi, comment lui donner visage ?

Vaincre le mal, en Dieu.

« Vous avez appris : tu ne commettras pas de meurtre ; celui qu commettra un meurtre en répondra au tribunal. Et moi j vous le dis : quiconque se met en colère contre son frère, sa sœur, en répondra au tribunal ; celui qui dira à son frère, sa sœur : ‘Imbécile’ sera justifiable du Sanhédrin ; celui qui dira : ‘Fou’ sera passible de la géhenne au feu. »

Evénement passé : Journée d’art à Vevey, samedi 27 avril, 11h à 17h, église Sainte-Claire et Bottolière, ancienne prison

En mémoire de … ?

Nous vous invitons, ce samedi 26 avril, de 11h à 17h à Vevey, à une journée d’animation, de réflexion et de méditation qui aura lieu à deux endroits différents, mais proches l’un de l’autre : la Bottolière, l’ancienne prison, et l’église Sainte-Claire.

La fabrication d’ex-voto, le dessin et la peinture ouvrent la voie vers la réflexion et la méditation sur la justice. Il y en a qui pensent celle-ci d’en bas, à partir de la fragilité de notre corps, et il y en qui la pensent d’en haut, à partir de la raison. Matrice, ventre ou cerveau, tête ? Ciel ou terre ? Raisons ont les deux, mais ils ont de la peine à se réconcilier. Les uns misent sur la sollicitude et la bienfaisance, les autres sur l’autonomie.

Cependant, ces deux mondes se croisent, le cercle du ciel et le cercle de la terre. En sort une troisième figure, la «mandorle», passage de l’un à l’autre ; passage à la vie ? La féminité de l’homme y est inscrite.

Lors de notre journée, partageons ce secret, la vie, entre le ciel et la terre, ex-gratia et ex-voto.

Nous nous réjouissons de le faire avec vous, Zoé à la Bottolière, moi, Armin, à l’église Sainte-Claire. Les deux lieux sont énigmatiques.

Bienvenue !

Événement passé : Bottolière et Sainte-Claire Vevey – Zoé Genet-Berthoud et Armin Kressmann

en mémoire de … moi ? – histoires de passion – ex-voto, photos, dessins

Deux entrées dans la même question, «En mémoire de …» quoi, qui ? Moi ?

Deux cheminements, à travers l’autre, – son expérience, sa mémoire, sa sensibilité, sa spiritualité, sa vision du monde -, à la rencontre de soi-même.

Deux expositions, installations, expériences qui mettent en dialogue le corps avec l’esprit, la grande histoire avec nos histoires à nous, la lune avec le soleil.

Serait-ce le féminin avec le masculin, la mère avec le père ?

Mystère des passions et de la passion, terre et ciel.

Zoé Genet-Berthoud et Armin Kressmann, et vous peut-être …

Église Sainte-Claire tous les jours de 9h à 16h, à l’Espace Bottolière selon la présence de l’artiste.

Vernissage mercredi 5 mars dès 18h à l’église Sainte-Claire

Ateliers participatifs les samedis 8 mars et 26 avril de 11h à 17h dans les deux lieux.

Dessiner des portraits à partir d’anciennes photos et fabriquer des ex-voto, mettre en forme sa propre histoire.

Instagram et Facebook @enmemoiredemoi

Événement passé : Psaume 2025 – Un tableau prière à Sainte Claire Vevey

En ce début de l’année 2025 un tableau de l’artiste veveysan Armin Kressmann invite les visiteurs et visiteuses de l’église Sainte-Claire à méditer sur l’avenir, le sien et celui du tel qu’il est aujourd’hui. Il est accompagné d’une prière qui s’inscrit dans la tradition des psaumes bibliques :

Quelles couleurs, Seigneur, aura cette année 2025 ? Sombres ?

Sur fond blanc. Innocence. Ils meurent, les innocents.

Coulpe, culpabilité. Craintes. Angoisses. Impuissance. Noir.

Impuissance règne face au déchaînement des puissants. Coupables. Tous coupables.

Folie. Violences. Noir.

Je suis tourmenté. Colère. Indignation.

Coupable. Moi aussi.

Fragilité. Vulnérabilité. Impuissance. Noir.

Empathie, douleurs. Souffrances. Folie.

Une année noire ?

Paix ? Oui, paix. Paix ! Mais quelle paix ? Juste paix, une paix juste. Bleu ?

Résistance. Rouge.

Et le vert ? Création disons-nous, avec toi Seigneur. Vie. Toute vie.

Que faire, que puis-je faire ?

Couleurs. Y mettre mes couleurs. C’est ce que tu proposes ?

Rouge. Rouge d’abord. Ta couleur, Seigneur ? Rouge, aussi.

Comme le sang ? Comme la colère ?

Tu te tais. Éclipse. Absence ? Silence. Présence, cachée ? Violet, violence.

Confiance et foi, foi est confiance et confiance est foi.

Tout est dit : « Ma grâce te suffit. » Ocre doré.

La terre. L’humanité.

Je veux bien, moi. M’en satisfaire. Mais cela ne suffit pas.

Tu le sais, Seigneur. Si !

Pas de pardon. Le pardon est un leurre. Répondre. Responsabilité.

Croix. Sans résurrection. Le tombeau est vide. Ça suffit. Le reste est foi.

Responsables, avec toi, Seigneur. Soyons solidaires.

Avec toi, impuissants comme nous le sommes, sans toi.

Tes enfants meurent, Seigneur.

Et l’Église ? Occupée par elle-même.

Sortir. Peindre. Prier. Persévérer.

Se tourner vers autrui. « L’autre est ton salut. »

L’autre, avec toi, mon Alter ego. Regarde.

Aimer l’ennemi ? Aussi.

Le prochain ne suffit pas. Toi non plus, Seigneur. L’amour. Dépasser l’amour.

Folie, une autre folie. Queer, au-delà du queer. Woke, au-delà du woke. Radical, au-delà du radical.

Assumer le noir. L’aimer, lui aussi.

La vie, toute la vie, toute vie.

Lumière, pour que les couleurs éclatent.

Veux-tu être appelé bon ?

Que les couleurs éclatent ! L’emportent sur l’obscurité.

Que la lumière soit. Ta lumière. Ta lumière ?

Oui, ta lumière, ma lumière.

Je t’aime.

Armin Kressmann 2024